Retour sur un coup de cœur. J'ai écrit ça il y a deux ans et le rayé noir et vert est de nouveau de sortie. Partage.
La séduction est vraiment présente partout...
C'est au détour d'un kiosque de la gare Montparnasse que le coup de foudre m'a saisi. Le kiosque, on trouve de tout. C'est un vivier de connaissances pour lecteurs en transit. Amusant de regarder le comportement des gens à l'intérieur. L'étincelle du regard. Ce qu'ils prennent ou non. Du quotidien (avec toutes les nuances et tendances d'une vie), au canard de nouvelles de bas étage en passant par de la culture plus ou moins tentée de la dominante (ou non) de notre beau pays, on y trouve de quoi rassasier, ou reposer, un esprit curieux.
À la recherche d'un magazine Mac de plus, je désespérais de voir une publication dont peu, au final, m'intéressait. Six à huit pages pour une revue de plus d'une centaine, ça fait pauvre. Dommage. Je ne suis pas en adéquation avec tout ça. Une de plus, ou de moins, je ne suis plus à ça près.
Mais je ne me sens pas l'envie de partir. Je me sens attiré sans savoir véritablement par quoi. Je dois garder l'endroit. Scruter. Fouiner.
Je me penche avec désespoir, vers mes amours adolescents, dans les publications ludiques, avec la certitude que je n'en trouverai plus sur les jeux de simulation. Fini Backstab et Casus Belli (deux fois). Quelques vaillants ancêtres sur la figurines historique (Vae Victis) ou fantastique (White Dwarf) se débattent au milieu de cette foule "fashion" d'ensembles reliés sur le poker. L'acte de guerre est bien là. C'est le "sport" à la mode.
Ce que les gens peuvent être suivants et conditionnés... Je me souviens avec amusement de ce qu'avait dit Lescure sur le lancement du "Top 50" sur Canal + : "Lorsque l'on a lancé le Top 50 avec Alain [de Greef], on s'est rendu compte avec effroi du mauvais goût musical des Français." Ça se voit aussi dans leurs lectures.
Bref. Je continue la chasse. Là, mon œil est attiré par un rayé noir et vert. J'aime ces deux teintes. L'extrayant avec difficulté du support, trop serré, du marchand, je découvre "Le Tigre". Bon point supplémentaire, c'est mon animal préféré.
Balayage de la couverture. On me séduit ouvertement : "Pour vous lecteur, voici 88 pages sans publicité, proposant reportages, photographies, chroniques, curiosités" ou encore le sous-titre "Curieux journal curieux". Là, c'est du rentre-dedans. C'est flagrant.
En explorateur curieux, je me dois d'effeuiller la bête. C'est en noir et blanc et sur papier recyclé. J'aime la matière et l'odeur. J'aime aussi la robe qui revêt l'animal. La maquette est belle et travaillée. Elle me touche. Je pense que j'attendais ça d'un journal depuis longtemps. Je lui trouve un mélange année 20 et 50.
Mon regard est partout attiré. C'est bien la première fois que je lis la manchette des crédits. Pareil, on m'aguiche. On me dit que le journal est "Réalisé avec Scribus. Logiciel libre de la P.A.O". L'effrontée revue poursuit par un susurrant "Imprimé en France sur papier recyclé 80 grammes sauf couverture chromomat 170 grammes Pantone 320 C".
L'affaire est trop grave. Je dois bourse délier de 6€80. C'est important.
Le métropolitain. Endroit salvateur, quoique bondé, pour le lecteur hors d'haleine que je suis. Je plonge.
Ça commence bien. Après la couverture, je trouve un tigre au beau milieu d'une page blanche. A découvert. Et il me dit : "Évitez les sourires en coin sur la plage". Vraiment, elles me cherchent ces pages.
Je poursuis et vois la plus belle page d'abonnement qui soit. Ne nous arrêtons pas. Les petits rectangles d'actualités sont amusants. Le reportage sur les SDF des Halles l'est moins. De petits éléments caustique et satiriques me font sourire en coin dans la rame RATPiste. J'ai le droit. Je ne suis pas sur la plage. Ouf.
Je ne lâche pas dans le RER et pas moins en rentrant chez moi. Là, c'est un signe de plus (est-il besoin qu'il y en eut encore ?). Rares sont les ouvrages qui m'accompagnent lors de mes "pédestreries" (plaisant barbarisme).
Arrivée à la maison. Je continue. Intéressant article sur les tarifs du livre. Le dîner est annoncé. C'est la page vingt-et-un.
Au sortir du repas, j'ai envie de partager mon inattendue découverte. Et nous y sommes.
Ayez l'œil curieux.
J'entends des feulements... les pages m'attendent.
C'était le volume IV, maintenant je lis le volume 32 (cf. image ci-dessus). Bonnes vacances.